Quelques souvenirs de Bodø, ville septentrionale et point d’entrée des îles Lofoten pour le voyageur qui veut arriver par la mer.

Le vent y est omniprésent et souffle sans répit, et les piétons semblent des lutteurs de courant d’un genre particulier. Il y a peu de monde, mais suffisamment tout de même pour ne pas se sentir trop seul au milieu des immeubles de verre et des files de véhicules qui sillonnent les avenues salées ainsi que des colonies d’insectes. Très vite, cependant, comme l’après-midi s’endormant, les rues se désertifient et les commerces ferment les uns après les autres. Les rares habitants restants se regroupent alors autour du port, ou dans le centre commercial appelé Glashuset (maison de verre).

Les ferrys défilent le long des quais, arrivant, partant des Lofotens.

Le temps maussade ne laisse guère présager une fin de journée plus clémente et pourtant, le ciel va s’ouvrir quelques heures sous le souffle d’Eole.

Sur la jetée, des enfants font des galipettes; des couples s’abreuvent d’un rayon de soleil rare et pénétrant; un chien file un sanglot sur les pas de sa maîtresse. En remontant la rue principale, un curieux halo me surprend sur le pan d’un mur à l’ombre. Sa forme, son apparition, sa présence irriguerront longtemps les tréfonds de mon imagination d’hypothèses savantes et alambiquées.

Le crépuscule s’annonce exquis malgré les salves glaciales. Les couleurs de l’avant-nuit sont franches, tenaces et longues. Leurs reflets sur l’onde marin les animent goulûment dans la mélancolie d’une valse pointilliste.

Plus tard, la palette s’attendrit, les silhouettes s’affinent et il règne sur les quais comme un parfum frais et gai.

Bonne nuit Bodø!