L’on peut se rendre aux plages via le tramway ou le bus. Mais comme à mon habitude, je vais préférer la marche. L’avenue pour s’y rendre depuis la ville est très longue et les effets du soleil se feront ressentir très rapidement car il y a peu d’endroits ombragés le long du chemin. En effet, la voie, toute droite, est bordée d’immeubles modernes voire artistiques qui proposent des vides indécents et des angles saillants qui limitent les ombres. Fort heureusement, après quelques kilomètres, on se retrouve près d’un grand parc boisé et bien entrenu. C’est le moment pour une pause sous la cime des arbres, là où les vents s’engouffrent sans faire de bruit. Le terrain n’est absolument pas plat, il y a du dénivelé, et les sentiers pédestres qui se perdent en zigzaguant peuvent parfois donner le sentiment d’une contrée champêtre. En bas dans la plaine, un enfant est assis sur un mystérieux banc en bois, seul au milieu de la pelouse. La luxuriance des lieux est frappante.

L’océan n’est plus très loin. D’ailleurs, on peut le sentir : les rafales de vent se font plus pressantes, l’odeur du sel pimente l’air, la vaste étendue d’eau à l’horizon balance des vagues hautes et menaçante. Avant d’y parvenir, je croise un terrain de jeux, où des joueurs de basket s’adonnent au ballon et à l’arceau.

Encore quelques pas sur le pavé avant que mes pieds ne se retrouvent sur le sable chaud. L’étendue blanche est parsemée de parasols et de paravent. L’eau n’est pas vraiment tiède, mais les prétendants à la baignade sont nombreux, au plutôt au barbottage, car les vagues sont tout de même puissante et je ne me verrai pas faire dix mètres de brasse sans me retrouver sans dessus dessous, la tête dans le sable. Cela ne décourage pas les enfants qui s’y donnent à pleine joie.

Le littoral n’offre cependant pas uniquement des plages. Il y a également, un peu plus loin des amas de rochers, juste en contrebas du fort. Je saisis une photo car le contraste du chaos du roc contre les lignes droites des vagues, de l’horizon et de la digue au loin me paraît surprenant.

Curieusement, l’air est chargé d’humidité et c’est une lumière tamisée et nébuleuse qui parvient du ciel. On a l’impression d’être dans un sauna sans la chaleur évidemment. Les silhouettes des baigneurs et des bronzeurs se diluent dans le lointain, mais c’est l’image d’un voilier perdu dans la brume qui va capter toute mon attention. L’onirisme de cette vision, calme et inquiète, possède un charme que je ne m’explique pas.

Je continue ma promenade vers le sud. Il y a deux jetées au bout desquelles se tiennent des phares. Avec le brouillard, il est impossible de distinguer ces deux bâtiments depuis la plage, le chemin qui y mène semble terrifiant car les vagues hautes de plusieurs mètres viennent se jeter sur la digue avec puissance, lavant le pavé de salves salées et arrosant le voyageur néophyte que la beauté aura rendu inerte et mouillé. A la vue des assauts répétés de l’océan, je me doute que des personnes aient pu être emporté par le flot et c’est avec une prudence avertie que je m’enfonce dans la brume, jusqu’au bout. Là, des pêcheurs échangent leur marchandise non sans fierté. L’un des hommes sur la photo suivante semble tenir une anguille

Une percée de lumière intense dans la bruine fait brusquement ressortir l’autre phare qui était resté à l’état d’esquisse et tout en prenant la photo, je me rends compte que l’on ne voit que les parties blanches des immeubles en arrière plan. On ne suspectera pas l’abondante activité des hommes le long des rives où se construisent et ont été construites de nombreuses buvettes et bar le long de la promenade.

Je crois qu’on peut se faire une idée des salves de vagues qui parviennent sur les rives avec l’image suivante. On comprendra certainement qu’y nager n’est pas à la portée de tous et que les surfeurs y trouvent parfaitement leur compte.

Heureusement, les deux quais forment une barrière qui adoucit les eaux, et c’est précisément à cet endroit que les familles se baignent. Ce qui m’intrigue, c’est cette mousse blanche qui écume jusqu’au rivage, mais sans doute n’est-ce pas aussi douteux que je ne le pense. Les jeunes pataugent quand les grands font des brasses.

Je finirai par une image plus géométrique qui peut évoquer le temps de l’enfance en vacances d’été. Pour beaucoup, c’est le temps de l’abandon, de l’expérimentation, de la découverte. La jeunesse sait apprivoiser le temps sans le ressentir. Et moi, serein, je me dis qu’une journée est passée et que je serai plus vieux ce soir.