Le hasard voulut que je fusse à Porto lors de la finale de la coupe d’Europe qui opposait la France au Portugal. Si l’après-midi avait débuté calmement, le début de soirée prit des allures de fiesta avec son cortège d’installations improvisées.

La société du spectacle prise en flagrant délit, commença à s’animer plus vivement vers 20h. Les pelouses furent rapidement squattées, dans une folle ambiance où tous les yeux rivés sur l’écran géant, suivaient par intermittence les péripéties de leurs champions. La vraie communion fut très certainement ce temps-ensemble qui unit l’instant d’une soirée, des groupes disparates d’inconnus, portugais ou non, jeunes et vieux.

Les hostilités n’avaient pas commencé qu’on trinquait déjà. Les drapeaux vert et rouge flottaient au dessus des places, avec une effervescence distinguée. Les groupes se retrouvaient naturellement devant les pastelarias ou encore les snack-bar, dont les téléviseurs semblaient retranscrire un art en mouvement seulement perceptible des initiés.

Dans les plus petites rues, on croisa ainsi des mottes d’amateurs du ballon, parfois aux côtés de barbecue, qui n’attendaient qu’un signal pour s’émouvoir. Les installations étaient parfois sommaires. Un téléviseur et quelques chaises suffisaient.

ou encore :

La lecture d’un bon roman me fit oublier en soirée, le déroulement du match. Je ne me souvins plus très bien de l’heure, mais vers minuit, il y eut des tirs de feux d’artifice qui me réveillèrent. Je fermai mon livre et me penchai à la fenêtre : aucun doute, le Portugal l’avait remporté. Comme bien souvent, il y eut des gagnants et des perdants. Les cris succédèrent aux démonstrations aériennes. L’exubérance fut telle qu’on sentait l’immeuble vibrer. La pression ainsi libérée chargea l’air d’une féérie ivre. La fatigue me gagna subitement alors que la vie nocturne débutait sa torride et inéspérée tournée.