La route est longue et sinueuse qui mène à Kangding. Au fur et à mesure que l’on approche de cette ville du Sichuan occidental ou Tibet oriental, on sent lentement des changements conséquents opérer. Les signes du Tibet se multiplient tandis que ceux de la Chine, s’ils ne disparaissent jamais vraiment du fait du métissage en cette région frontalière, se lénifient conséquemment.

Les paysages tout au long du chemin ne lassent jamais : ils défilent en changeant continûment : des cactus à 1500 mètres d’altitude bousculent nos habitudes, et la végétation si drue et variée (pins, noyer, tomates, maïs …) me pose un problème de béotien : comment est-ce possible? Sans doute, notre plus grand étonnement viendra de ces milliards de plastiques qui font figure de douteux fantômes. Et de me demander à nouveau : comment est-ce possible?

A Kangding, la modernité côtoie la rusticité. Ici des 4x4 roulent parmi des charretiers à fédora, et par-là une femme qui file de laine avec sa quenotte. Les mains des casseurs de noix sont toujours aussi caractéristiques et quiconque aura savouré une noix fraîche par lui-même, n’aura certainement pas oublié ô combien le fruit en oxydant tache les doigts.

Le soir, sur la place principal, tandis qu’au loin, les moulins à mantra livrent leur dernière valse, des centaines de personnes jeunes et vieilles, principalement des femmes, entre deux pluies dira-t-on, forment une ronde dansante. Plus loin des écoliers en uniforme militaire jouent à cache-cache.