Restauration de deux archets et d'un chevalet
Quelques étapes de la restauration de deux archets et d’un chevalet
Ayant récupéré quelques archets de qualité, je m’étais mis en tête d’en restaurer deux pour accompagner le charmant violon de Villaume.
L’un est une copie inspirée d’un FX Tourte, et l’autre une copie lointaine d’un Sartory. Les deux semblent en pernambouc de belle qualité. Le « Tourte » est rigide, et l’autre un peu plus souple.
Je commence par les nettoyer avec un peu d’eau. J’ai commandé du crin un peu court, alors on va voir comment tout cela va rentrer dans l’ordre.
Premier archet
Second archet
Sur les deux archets, la plaque blanche de protection sous la tête est cassée ou manquante. Je choisis un bout d’érable bien blanc pour la restauration.
Il faut d’abord retirer les bouchons et les restes de crins, réparer les parties manquantes, égaliser et aplanir, puis tailler une mince plaque d’érable de bonne dimension que je vais tremper dans l’eau puis ajuster à la courbure de la tête. J’utilise un élastique pour maintenir le tout, une nuit entière.
Puis, j’utilise un fer chauffé avant le collage pour donner la forme définitive. J’utilise encore mon élastique après avoir delayé la colle. Sur l’une des têtes, c’est un morceau de plaque que j’ajuste pour compléter la plaque existante.
Enfin, je taille au couteau les arêtes, finis au papier de verre afin d’obtenir l’épaisseur finale.
Le crin est mesuré, j’en prends une poignée (environ 5g), puis je l’attache à l’aide d’un fil de coton. Je coupe les cheveux qui dépasse, puis selon mon humeur, je finis à la colle instantanée pour l’un, à la collophane brulée sur l’autre.
Ce qui prend du temps, c’est de démonter la hausse. Tout y est bien fixé, j’utilise divers outils dont les mâchoires de mon étau pour retirer les bagues, puis les bouchons. Quelle aventure! J’ai déjà passé quelques belles dizaines de minutes à me battre, mais voilà les hausses sont prêtes, je les nettoie et je passe les ciseaux à quelques endroits. Je vois une fissure sur l’une des hausses que je me dépêche de réparer. Ca y est, on est presque prêt. Je travaille à tailler les bouchons pour les mortaises des hausses.
Sur mon premier archet Tourte, je fais le montage tête puis hausse, et vice-versa pour l’autre archet, histoire de faire varier les plaisirs! Il s’avèrera que monter le crin dans la hausse puis la tête est plus facile, ou selon moi, demande moins d’acrobaties.
Mortaise du premier archet
Hausse du premier archet
Hausse du second archet
Evidemment j’ai trempé le crin dans l’eau, puis je l’ai joliment peigné afin de garder, tous les cheveux bien droits.
Beaucoup de minuties et quelques travaux adroits viendront à bout de ces deux archets. Ils ont deux touchers totalement différents, l’un est doux et vif à la fois, l’autre souple et lisse. Je vous laisse devenir lequel :)
Une histoire de cheval(et)
Ebauche initiale
Le violon Villaume était arrivé avec un chevalet hélas défaillant. Il a fallu en faire un nouveau! Je pars d’une ébauche de belle qualité! Je garde les petits points pour l’arrière, que j’aplanis au rabot à main.
Enfin, je passe à la face avant (celle du côté de la touche), que je vais amincir au ciseau et au rabot, grâce à une cale en bois vite et bien faite. Le travail demande de l’attention (éviter de se râper les doigts avec le rabot) mais voilà, je passe à 4.2mm au pied. Je mesure la projection des cordes pour avoir 5.5mm sous le sol et 3.65mm sous le mi.
Ensuite, je passe aux détails des pieds qui doivent reposer parfaitement sur la table du violon à l’endroit idoine. J’utilise de la craie rouge réduite en poudre pour visualiser les épaisseurs. Je travaille encore au couteau.
Enfin, je finis le chevalet en l’affinant en certains points, en fonction de mes humeurs. Je lui donne la forme définitive et ajuste les points de tension des cordes avec une lime très fine. Les premiers essais me donnent une hauteur légérement trop haute, alors j’ajuste en redressant le passage des cordes, jusqu’à obtenir la hauteur précise et souhaitée.
De là, je finis le pont au couteau et à la lime et je pose définitivement les cordes pour les premiers tests sonores et d’ergonomie. Cette fois, c’est parfait, le violon repart, je garde le chevalet d’origine de très belle facture.